C’est du 10 au 13 octobre 2023 qu’a eu lieu la 5e édition de MTL connecte à Montréal. Cet événement annuel est organisé par le Printemps numérique et rassemble : entrepreneurs, chercheurs, décideurs, grands acteurs de diverses industries et bon nombre d’artistes. Ce rendez-vous voulait nous faire comprendre les défis et les enjeux de la révolution numérique, puis nous présenter aussi les multiples opportunités! Les thèmes de l’intelligence artificielle (IA), la cybersécurité, la créativité, en plus des territoires connectés étaient à l’honneur cette fois-ci.
C’était la première fois que j’assistais à cet événement effervescent! La conférence qui a commencé mon parcours de 3 jours était celle de Pierre Lévy. Ce grand chercheur de l’Université de Montréal a notamment inventé le métalangage de l’économie de l’information (IEML). Lors de sa conférence, il nous a plongé directement dans le thème de l’intelligence collective, qui prend une toute autre forme avec l’IA aujourd’hui.
Je me suis tout de suite sentie dans un terrain connu par la présence de théories de manière à installer convenablement la base de cette nouvelle édition MTL connecte. Je me croyais sur les bancs d’école… beaucoup de théories, de schémas, de concepts, etc. La vision philosophique de Lévy visait à nous montrer comment une nouvelle forme de communication numérique utilisant l’IA générative (IA neuronale) intégrée à des bases de connaissance (IA symbolique) peut augmenter l’intelligence collective humaine. Quoique très profonde et éloquente, cette conférence m’a fait un peu peur pour la suite! Je suis pour le concret, la pratique, la discussion avec des panels…
Lors du panel sur l’intelligence artificielle, animé par Hélène Jouan du journal Le Monde, j’ai assisté à cette brillante discussion réunissant des experts en la matière : Yoshua Bengio de l’Institut IVADO (en virtuel malheureusement!) et Marc-Antoine Dilhac de l’Université de Montréal. Malgré plusieurs difficultés techniques lors des interventions de Bengio, j’ai été grandement inspirée! Marc-Antoine et Yoshua ont discuté de manière éclairée sur les aspects positifs et les nombreux enjeux vis-à-vis l’IA. Leur discussion nous ont aidé à approfondir notre compréhension des implications et avancées technologiques pour notre société.
Ce que j’ai retenu de ce panel? Plusieurs pouvoirs découlent de l’exploitation de l’IA, comme le pouvoir économique, le pouvoir militaire et le pouvoir éthique. Yoshua a mentionné plusieurs fois que l’un des principaux enjeux est l’enjeu institutionnel. Il faut rapidement mettre en place des règles pour encadrer l’utilisation de l’IA afin d’éviter que son utilisation dégénère… Selon lui, un agent neutre devrait faire un audit pour assurer des protocoles de cybersécurité entre autres, de sorte qu’aucun biais influence les éléments de sécurité de quelconque façon. Les gouvernements doivent évaluer les dangers divers de l’utilisation de l’IA, puis il a ajouté que les géants Microsoft et Google doivent avoir des règles communes entourant l’IA. La gouvernance de l’État face à la réglementation de l’IA est cruciale pour ce qui est de l’évaluation des risques et dangers pour la société. Finalement, sa lettre a refait surface lors de la discussion. Une lettre qu’il a signé en 2023 pour que les géants ralentissent le développement en IA pouvant tromper le public. Quel plaisir cette discussion brillante, vulgarisée et concrète sur les enjeux de l’IA!
Par la suite, Philipe Nadeau de DigiHub a présenté une conférence express de 15 minutes au sujet de l’IA, la blockchain, le métavers et la technologie quantique qui convergent pour redéfinir notre réalité numérique aujourd’hui. Nous avons plongé avec lui dans le monde de demain, où ces quatre piliers technologiques redéfinissent notre existence. La découverte frappante d’un futur jumeau numérique m’a étonnée, époustouflée et émerveillée en même temps. Ce jumeau numérique présenté pourra nous aider à analyser des données, nous informer de manière éclairée… pour que nous puissions changer ou ajuster la trajectoire de notre bien-être et santé dans le futur!
Plus l’intelligence artificielle se développe rapidement, plus cette réalité du monde moderne devient un outil incontournable dans tous les domaines d’affaires. Sommes-nous dans une phase d’opportunités ou de défis face à la portée de cette technologie sur notre société d’aujourd’hui? C’est ensuite le panel « Financement de projet en intelligence artificielle : défis et opportunités » avec Samir Mounir de Desjardins qui s’est enchaîné.
Cette conversation entre entrepreneurs et investisseurs a été fort intéressante et a pu nous aider à cibler les enjeux du financement des projets en IA et des opportunités qui en découlent.
J’ai pu aussi assister à la conférence ludico-informative de Charlie Fernandez, CEO de Réverbère, sur la maximisation de la rentabilité des investissements avec une gestion des données marketing adaptée aux enjeux de l’écosystème Meta.
À travers de nombreux exemples, Charlie a offert un atelier enrichissant, qui m’a permis de me mettre à jour côté médias sociaux (un ancien chapeau que j’ai laissé de côté depuis quelques années) et sur les bonnes pratiques pour une stratégie data-driven optimale, puis l’utilisation responsable des mécanismes d’intelligence artificielle en placement médias sociaux. Ma découverte de cette première expérience à MTL connecte : une conférence riche, un conférencier à l’écoute, drôle, qui sait capter l’attention!
Cette première journée riche sur l’IA s’est terminée en beauté avec une conférence-quiz animée à l’Italienne par les pros du Tech3lab de HEC Montréal : Pierre-Marjorique Léger et Sylvain Sénécal! Nous avons eu la chance de participer à un quiz-concours pour gagner des billets afin d’assister à la 5e édition de UXC. Je me suis classée parmi plusieurs podiums, mais je n’ai pas gagné parmi les 3 prix, zut! Par chance, j’ai déjà mon billet pour l’un des premiers événements UX officiels à laquelle j’assiste à Montréal.
Les chercheurs d’IVADO menant un programme de recherche stratégique portant sur le développement responsable, l’acceptation et l’encadrement de l’IA dans différents contextes tels que l’éducation, le futur du travail, le transport et les fournisseurs de services, nous ont d’ailleurs présenté quelques résultats en primeur de leur recherche pour la SAAQ sur la conduite assistée par l’IA et la confiance des conducteurs envers cet outil permettant d’être mains libres à bord d’un véhicule. Les résultats nous ont permis de découvrir que les conducteurs préfèrent être assistés de manière hybride, mais non pas de donner le contrôle absolu à l’IA sur la route.
Les 6 clés avec l’IA selon Léger et Sénécal?
- Savoir utiliser l’intelligence artificielle de manière responsable;
- Développer les compétences à interroger efficacement les robots conversationnels;
- Détecter les hallucinations de l’IA;
- Capacité à maintenir un esprit critique par rapport aux biais cognitifs;
- Savoir utiliser l’IA pour maximiser sa créativité;
- Être généraliste, polyvalent et curieux par rapport aux possibilités de l’IA (exemple donné : un étudiant interrogeant Chat GPT alors qu’il a un article complexe à lire pour un cours, il interroge l’IA tout au long de son article, sa lecture, pour mieux comprendre les complexes et interagir avec l’auteur).
Ma deuxième journée a commencé en force avec l’excellente conférence de Mathy Scott de Akinox Solutions. Il nous a présenté une approche pour générer de l’intérêt et de l’expertise en cybersécurité au sein des équipes de développement. Selon lui, cette méthode permet de minimiser la création de risque lors du développement de logiciels lorsque l’embauche de plusieurs spécialistes en sécurité n’est pas possible. Des sujets riches ont été abordés : la montée de la cybercriminalité, l’importance d’avoir des experts en cybersécurité tout au long des activités de design de produits, les différents standards à appliquer, puis la meilleure approche en organisation pour vulgariser, évangéliser et intégrer la cybersécurité : avoir un expert et des champions dans les équipes agiles.
Comme le marché des TI, des développeurs et des talents en UX, les talents en cybersécurité sont rares!
J’ai poursuivi la journée avec la conférence de Bertrand Milot qui a parlé de l’univers complexe de la surveillance des réseaux cybercriminels au Canada. Sa spécialité réside dans la traque des groupes cybercriminels, avec un focus sur les victimes canadiennes et les méthodes utilisées par ces acteurs malveillants. Son entreprise Bradley & Rollins se spécialisent dans la surveillance de 150 à 200 groupes cybercriminels, dont 75 à 100 sont actifs. Nous avons eu la chance de découvrir (ou pas!) l’ampleur de la cybercriminalité au pays et d’explorer les industries ciblées, les modus operandi criminels et les stratégies d’extorsion employées par ces groupes.
Juste en 2023, il y a eu une 1 001 cyberattaques, c’était assez choquant de voir à quel point les organisations sont démunies et à risque de cyberattaques au Canada!
Une statistique qui m’a frappée? Le 3-4 000 % de rentabilité en cybercrime as a service que Bertrand a partagé! J’ai aussi découvert le marché du dark web (je suis geek, mais pas à ce point!) avec les mystery boxes : ces boîtes contenant des objets dégoutants, morbides et effrayants que les internautes découvrent lors du unboxing des boîtes. Bertrand nous a fortement conseillé de ne pas cliquer sur les vidéos pour ne pas participer à cette tendance, mais nous a invité plutôt à voir les résultats entourant cette tendance du web! C’est hallucinant, voire inquiétant ces tendances. Une autre statistique qui m’a jeté par terre? La vigie de 90-150 groupes majeurs en cybercriminalité actifs chaque jour dans le monde! Nous sommes tous en danger et les organisations aussi. Il existe une grande incompréhension sur la mécanique de la gestion de la cybercriminalité qu’il faudra démystifier au plus vite. Avant de quitter la conférence pour une autre (un feu roulant de conférences enrichissantes!), le conférencier nous a bien dit que la cyberattaque de la STM en octobre aurait pu être prédite depuis avril, mais que l’attaque a finalement occasionné une panne de métro majeure en octobre 2020.
L’une des conférences qui m’a le plus marquée est celle de Phédra Clouner, directrice générale adjointe du Centre pour la cybersécurité Belgique. Elle a exposé en détails les types d’attaques auxquelles les organisations et les citoyens du monde entier sont confrontés, puis les acteurs qui en sont à l’origine et leurs motivations. Elle a bien regardé le Ministre Caire (qui regardait sa montre pendant sa conférence) en présentant le modèle innovant de la Belgique, soit l’un des pays européens visant être le moins cybervulnérable d’ici 2025. L’agence nationale belge de cybersécurité a de quoi être fière des actions mise en place honnêtement! Le Québec aurait beaucoup à apprendre ou à s’inspirer de leur façon de faire.
La cybersécurité est le marché le plus lucratif dans le monde, il génère des milliards de dollars! L’une des actions du Ministre Caire est qu’il y ait plus de femmes en TI (allô!), car seulement 11 % de la population québécoise féminine sont dans le domaine des technologies de l’information. Or, nous représentons (les femmes) 52 % de la population sur le marché du travail.
Et pour terminer en beauté, j’ai assisté à la remise des prix MTL Tech Awards. Voici quelques-uns des principaux prix remis :
- Prix littéraire numérique jeunesse : Projet Serre automatisé de l’École primaire Sainte-Famille
- Coup de coeur Printemps numérique : Les trousses d’apprentissages STIAM de GénieLab
- Prix Femme en tech : Annie Martineau pour Neuro Solutions Group
- Prix Découvrabilité culturelle francophone : Jean-François Gauvin à la BANQ
- Grand gagnant du prix innovation : Thibault Renaud pour Arrivage
Une première fois à MTL connecte, et non la dernière. Cet événement est bouillonnant d’innovation, d’entrepreneurs passionnés et de rencontres riches!
Merci Pixsenses pour l’invitation et de m’avoir permis de découvrir ce fabuleux événement!
Sources et références des conférences :
Émilie Monette 