C’est le 6 juin dernier qu’a eu lieu la 7e édition du plus grand événement en recherche UX : UXRConf par Learners. Learners offre l’événement en ligne gratuitement chaque année. Que ce soit la démonstration de stratégies pour utiliser la recherche UX comme levier stratégique en expérience utilisateur, l’efficacité des blueprints en recherche UX, le nouveau rôle de chercheur UX scientifique émergeant sur le marché ou comment bâtir un modèle de pratiques en recherche dans une organisation… beaucoup de sujets ont été au menu lors de cette journée enrichissante.

Moneyball UXR
La première conférence du programme était « Moneyball UXR » avec Joris Drayer, chercheur UX senior à Robinhood. Vous avez vu le film Moneyball avec Brad Pitt? Ce film est tiré d’une histoire vraie sur Billy Beane, ancien directeur général d’Oakland Athletics, une équipe américaine de baseball. Beane a réinventé la manière de jouer en faisant appel à un jeune économiste et expert en statistiques pour créer une équipe de joueurs atypiques avec un budget réduit.
Dans cette présentation, Joris nous a présenté ses enseignements tirés de la stratégie « Moneyball », développée par Beane, pour aider les chercheurs et leurs équipes à avoir confiance dans les résultats de recherche UX.

En recherche, c’est vrai qu’on fait souvent face à des critiques sur la taille des échantillons (entrevues ou tests d’utilisabilité par exemples) et la pertinence des résultats en recherche qualitative. Avec l’approche de Beane (« bayésienne ») dans nos recherches, on peut bâtir cette confiance et une certitude envers les données recueillies même avec des résultats provenant de plus petits échantillons.

L’important est d’aller chercher plusieurs types de données à la fois quantitatives et qualitatives, d’en dégager des découvertes et résultats probants pour ensuite en retirer des recommandations pour améliorer l’expérience utilisateur. Et chaque recherche s’ajoute aux résultats de recherches précédentes. Les résultats s’ajoutent à d’autres recherches menées, il n’est plus question de recherche en mode « 1 time ».

L’essor du scientifique en recherche UX
La deuxième conférence a davantage piqué ma curiosité. Pourquoi? Parce que Madeline Huberth, scientifique en recherche UX chez Meta, a partagé une présentation riche sur le rôle de scientifique en recherche UX (UXRS) qui connaît une croissance au sein de Meta. Et peut-être bien dans d’autres organisations dans les prochaines années! En tant que scientifique en recherche UX, Madeline a mis en lumière comment un UXRS se distingue des autres rôles de recherche, les types de compétences nécessaires et a partagé des conseils aux dirigeants et aux chercheurs intéressés envers cette avenue en recherche UX.

Qu’est-ce qu’un scientifique en recherche UX? Chez Meta, ce rôle est spécialisé et utilise une expertise approfondie dans un domaine comme la perception, la cognition ou la biomécanique pour définir, évaluer et améliorer les exigences matérielles et logicielles pour garantir une bonne expérience utilisateur. Le rôle de UXRS a émergé pour aider la « productisation » de la science de la recherche (RS). Les scientifiques en recherche chez Meta conçoivent des solutions innovantes pour des problèmes réels.
Le rôle de UXRS a émergé du rôle de la science de la recherche comme un rôle important dans la « productisation », pour comprendre si les différences dans les variables technologiques ont un impact significatif sur l’expérience utilisateur. Les grandes différences entre le rôle de chercheur UX et de scientifique en recherche UX?

Sinon, de manière plus détaillée, Madeline a décrit les objectifs et les méthodes de ces 2 rôles bien distincts. En voici un résumé en tableau :
| Métiers en recherche | Chercheur UX | Scientifique en recherche UX | Scientifique en recherche |
|---|---|---|---|
| Objectifs de recherche | Obtenir des insights approfondis sur la manière dont les utilisateurs interagissent entre eux et avec le monde qui les entoure : contribuer en amenant de nouvelles idées pour des produits qui impactent les utilisateurs. | Développer des méthodes qui définissent l’espace de compromis entre les variables utilisateurs et technologiques. | Les scientifiques en recherche appliquent leur expertise pour développer de nouvelles technologies, algorithmes et produits. |
| Méthodes de recherche | Utiliser une variété de méthodes qualitatives et quantitatives : des sondages, des groupes de discussion, des études de terrain, des tests d’utilisabilité et des entretiens individuels. | Les méthodes peuvent inclure : la conception expérimentale, la psychophysique et la détection de seuils, parmi d’autres méthodes de laboratoire quantitatives typiques. | S’appuyer sur des méthodes sans l’apport humain et utiliser des mesures de résultats spécifiques à l’appareil (par exemples : vitesse, puissance, etc.). |
Elle a aussi partagé les compétences nécessaires pour les UXRS :
- Expertise approfondie : Avoir un doctorat est une exigence pour le poste, par exemple en psychologie cognitive/expérimentale, IHM, ingénierie industrielle ou en kinésiologie.
- Sens du produit : Une des principales responsabilités d’un UXRS est d’informer l’équipe en développement de nouveaux produits.
- Interaction humain-technologie : Concevoir des études qui testent les interactions potentielles entre le matériel et les logiciels de manière contrôlée et percutante est un élément important.
- Communication claire : Travaillant souvent sur des sujets hautement techniques, il est crucial de communiquer efficacement les résultats et les idées provenant d’études multidimensionnelles.
Également, Madeline a proposé quelques conseils pour les gestionnaires souhaitant engager des scientifiques en recherche UX :
- Conseil #1 : Si vous vous retrouvez à recruter des UXRS quantitatifs pour des produits qui n’ont pas de bases d’utilisateurs étendues pour aider à déterminer les seuils d’expérience utilisateur basés sur des facteurs humains.
- Conseil #2 : Si vous recherchez une expertise spécialisée dans des domaines spécifiques tels que la science de la vision, la science perceptive, la biomécanique.
- Conseil #3 : Si vous travaillez de près avec des scientifiques en recherche qui conçoivent du matériel et des algorithmes, puis qu’ils ont besoin de connaissances sur les capacités humaines pour bien concevoir les fonctionnalités.

Et pourquoi considérer les UXRS?
- S’appuyer sur l’expertise du domaine : Si vous cherchez un expert qui utilise vos connaissances et l’applique à des problèmes du monde réel.
- Tirer parti des compétences en laboratoire : Si vous souhaitez utiliser des compétences en conception expérimentale, psychophysique et en analyse comportementale.
- Impact dans la définition des exigences : Si vous souhaitez avoir un impact tangible en définissant des exigences techniques et produit strictes.
- Résoudre des problèmes multidimensionnels : Si vous souhaitez résoudre des problèmes sans réponses connues tout en travaillant dans un domaine appliqué.
Points clés à retenir de sa conférence :
- Responsables du recrutement : Recrutez pour le rôle de scientifique en recherche UX (UXRS) s’il correspond à votre domaine de produit.
- Chercheurs UX : Si le rôle de scientifique en recherche UX (UXRS) vous intéresse, surveillez ce titre dans les affichages d’emplois et postulez!

Diriger avec une prévoyance stratégique
La journée de conférences sur la recherche UX s’est enchaînée avec la présentation de Sam Ladner, auteure et directrice exécutive, a expliqué comment intégrer la prévoyance stratégique dans la pratique de recherche quotidienne. Parce que oui, cela peut être difficile pour les chercheurs UX d’influencer les décisions stratégiques que l’organisation doit prendre. Il n’y a jamais assez de temps pour répondre aux grandes questions. Mais Sam a démontré comment cela peut être fait en consacrant seulement quelques heures par semaine à la pratique de la vision stratégique. Les chercheurs UX peuvent jouer un rôle facilitant les conversations clés, qui apporte les grandes idées et aide à définir la direction de l’équipe et de l’entreprise.

Qu’est-ce que la prévoyance stratégique? Selon Sam, c’est planifier pour des futurs potentiels avant qu’ils ne se produisent…
- être prêt pour un futur non désiré;
- scruter les changements dans plusieurs domaines;
- imaginer plusieurs futurs;
- planifier un futur souhaité.

La prévoyance stratégique en termes « business », c’est… la fameuse stratégie Océan Bleu, la valeur unique et l’avantage durable. Comment les autres vous décriraient dans cette perspective de prévoyance stratégique? Il faut en fait « voir au-delà des angles » ou « anticiper les changements ».
Sam a aussi partagé son processus en prévoyance stratégique avec nous : www.samladner.com/foresight. Un modèle qui vient à point alors que certaines discussions professionnelles auxquelles j’ai assisté tournaient autour des rôles et responsabilités dans certains projets. Je trouve fort inspirant ce modèle pour justement délimiter comment le processus d’innovation prend vie en expérience utilisateur.

Alors que je venais d’assister à une rencontre empreint d’incertitudes, j’ai vite constaté à quel point de modèle peut nous aider à clarifier certains niveaux d’implications de joueurs clés à l’interne et aussi une manière visuelle de partager les étapes cruciales en recherche et innovation. La conférencière nous a expliqué quelques meilleures pratiques d’ailleurs en cas d’incertitude :
- utilisez les retours pour vous améliorer;
- évitez de juger sur les résultats;
- visez l’objectivité.
Comme chercheuse UX, j’ai trouvé fort enrichissant sa méthode STEEP pour suivre les évolutions dans de nombreux domaines : social, technologique, économique, environnemental et politique. Comment? Par exemple, en utilisant une base de données relationnelle dans l’outil Notion, en créant une seule catégorie STEEP, puis en ayant plusieurs mots-clés permettant une analyse plus approfondie de ces domaines.

Avec ce genre de base de données à consulter quotidiennement pour nous aider à voir ce qui s’en vient dans le futur, on peut ensuite travailler à imaginer divers scénarios :
| Effondrement Scénario du pire cas Exemple : Terminator | Réglementation et contrôle Intervention des gouvernements Exemple : GDPR |
| Transformation Cela change tout Exemple : Pandémie mondiale | Croître et maintenir Changement lent et régulier Exemple : Utilisation des téléphones mobiles |
Sam a suggéré certaines micro habitudes à insérer dans notre quotidien pour être prêts à la prévoyance stratégique :
- lire une liste restreinte de sources tous les jours;
- mettre des rappels visibles sur notre téléphone et ordinateur;
- avoir un panier de sources de connaissances pour collecter ce que nous souhaitons creuser davantage;
- les mots-clés et la catégorisation sont les clés.
Plusieurs outils ont été démontrés et avec lesquels on peut commencer notre veille stratégique ou prévoyance stratégique. Il suffit d’inclure cette méthode à notre quotidien!

Recherche sur les parcours clients à grande échelle
Par la suite, Jennifer Siedjak, directrice de la recherche UX chez Tapestry, nous a captivé sur la façon d’améliorer nos recherches UX sur les parcours clients pour maximiser notre impact sur l’utilisateur et l’entreprise. Il est important de montrer la bonne chose au bon moment aux utilisateurs. Mais que se passerait-il si nous pouvions prédire l’objectif d’un utilisateur et adapter l’expérience en temps réel pour répondre à ses besoins?

Au départ, elle nous a partagé que l’utilisation des personas peuvent avoir des inconvénients :
- le principal public est le produit et l’UX;
- peuvent être chronophages;
- difficile à synchroniser avec des données quantitatives;
- peuvent tomber dans les stéréotypes;
- mettre quelqu’un dans une case.
Et aussi, les proto-personas…
- les gens ont une préconception de l’inefficacité des personas;
- personne ne les lit;
- non reliés à une initiative commerciale majeure;
- manque d’adhésion uniforme.

Tapestry a alors opté pour la création d’archétypes dans leur démarche. Mais…
- personne ne les a demandés;
- à la fois trop simples et complexes en même temps;
- pas mémorables;
- difficile de classer les utilisateurs;
- mettent les gens dans une case;
- non exploitables.
L’équipe a ensuite opté pour les missions d’achat, c’est-à-dire créer des profils selon la raison principale pour laquelle le client a visité le site ou le magasin; leur objectif d’achat.

Jennifer expliquait que l’équipe a opté pour la mission d’achat pour ces raisons :
- Les missions d’achat sont plus faciles à quantifier – ce qui aide la direction à mieux résonner : sondages d’interception sur le site pour mesurer la fréquence de chaque mission d’achat.
- Les missions d’achat tiennent compte de la fluidité : la mission d’achat d’un utilisateur peut changer en cours de visite ou d’une visite à l’autre.

Pourquoi les missions d’achat ont-elles eu plus d’impact pour Tapestry?
- plus faciles à socialiser que les personas;
- liées à une initiative majeure;
- capacité à quantifier notre impact;
- langage compréhensible à tous les niveaux.
Comment l’équipe UX a étendu cette recherche sur les parcours clients?
- tests A/B fréquents;
- atelier d’alignement;
- agenda d’apprentissage trimestriel;
- sprints d’apprentissage hebdomadaires.
Au final, Tapestry s’est arrêté à créer des parcours selon la mission d’achat des utilisateurs, donc à adapter le parcours d’après diverses missions d’achat. Une différente avenue à considérer en recherche UX!
La discipline de l’espoir : Comment ne pas se perdre dans la recherche UX?
Lors de cette conférence, j’ai pu constater que le chat YouTube s’est enflammé. Vivianne Castillo, fondatrice et PDG de HmntyCntrd a mis le feu à la scène par son discours, son histoire, son authenticité et son message porteur d’espoir. J’ai moi-même été « flabergastée ».

Vivianne a livré un discours inspirant en nous partageant le rôle critique de l’espoir dans la recherche UX face aux défis d’affaires, personnels et sociétaux. Elle a entre autres présenté un cadre pour incorporer l’espoir dans les pratiques de recherche. Cette conférence a littéralement mis en lumière comment les praticiens en recherche UX (allô!) peuvent cultiver l’espoir et provoquer des transformations significatives en comprenant profondément les utilisateurs, en remettant en question les normes actuelles et en priorisant une relation plus saine avec soi. Vivianne a profité de sa dernière conférence pour nous mentionner quelques-uns des outils utiles pour améliorer notre relation avec le travail, avec les autres, et surtout, avec nous-mêmes.

Elle a commencé en force en nous expliquant l’origine des sentiments et les sources de contrôle dans la vie.
| Origine du sentiment | Croyances internes Ce sentiment provient souvent de nos croyances internes et de nos perceptions sur nos capacités et notre efficacité à gérer des situations. | Facteurs externes Provient généralement de facteurs externes, tels que la structure organisationnelle, les limites des rôles professionnels ou les contraintes hiérarchiques au sein de l’entreprise. | Source de contrôle |
| Origine du sentiment | Interne Lorsque nous nous sentons inadéquats pour changer notre situation, souvent indépendamment de nos capacités. | Externe Lorsque nous estimons n’avoir aucune autorité ou moyen absolu pour effectuer un changement en raison de contraintes imposées par des circonstances ou des entités externes. | Source de contrôle |
À quoi ressemble l’impuissance dans un cadre organisationnel? Je me suis tellement reconnue dans les effets et les causes qu’elle a nommées lors de sa conférence…
Causes courantes : Facteurs ou conditions qui conduisent à un résultat ou un état particulier. Souvent de nature à long terme et systémique.
- manque d’autonomie;
- attentes professionnelles floues;
- charge de travail accablante;
- ressources insuffisantes;
- mauvaises pratiques de gestion;
- environnement de travail rapide;
- changements organisationnels constants;
- manque de reconnaissance ou de récompense;
- stagnation de carrière;
- déséquilibre travail-vie personnelle;
- déclencheurs courants.
Retours critiques : Événements ou situations spécifiques qui suscitent une réponse immédiate. Souvent de nature à court terme et situationnelle.
- échec à atteindre les objectifs;
- exclusion des prises de décision;
- voir ses pairs réussir;
- menaces de réduction des effectifs ou de licenciement;
- conflits avec des collègues ou des gestionnaires;
- manque de réponse aux efforts;
- tâches assignées bien au-delà du niveau de compétence ou du rôle;
- retours ou instructions incohérents;
- burnout physique ou mental.

Ensuite, elle nous a parlé de ce rituel de célébration, Qu’est-ce que c’est? C’est une activité individuelle qu’on peut faire, c’est un espace qu’on se donne pour réfléchir. En fait, il s’agit de répondre aux questions pour nous aider à nous recentrer :
- À quoi ressemblerait pour vous le fait de célébrer vos petites et grandes réussites dans votre vie personnelle et professionnelle? Écrire 1-2 choses qu’on s’engage à faire cette semaine.
- Quelles sont les choses que vous avez faites — que vous seul connaissez — qui pourraient être considérées comme une petite ou grande réussite dans votre vie personnelle? Écrire une liste et mettre un (s) à côté de ce qu’on voit comme une petite réussite et un (b) à côté de ce qu’on juge comme une grande réussite.
Ensuite, son rituel de célébration de l’espoir s’oriente vers notre vie professionnelle.
- Quel domaine — personnel ou professionnel — a eu le plus de réussites? Qu’est-ce qui nous a surpris ou que nous avons réalisé après cette activité?

Ensuite, pour continuer l’exercice sur notre relation avec l’espoir est de créer un oriki. Elle nous explique alors ce qu’est un oriki : une salutation yoruba composée de deux mots : (1) le mot ori signifiant « tête » et (2) ki signifiant « saluer ou louer ». C’est une salutation qui reconnaît notre parenté en parlant de la vie et des possibilités dans notre héritage et notre avenir. Vraiment inspirant! Vivianne a alors partagé un exemple de son oriki.
Par la suite, elle a parlé de l’activité du bol brûlant… c’est-à-dire de répondre à des prompts en mode rapide pour permettre à nos premières pensées de sortir afin de nous pousser à agir dans le futur. Question de nous aider à changer les choses.
La dernière étape du processus est celle de demander à des proches ce qui ressort sur vous, dans un but de choisir le courage comme mode d’action. Il faudrait demander à 10 personnes : Que se passe-t-il quand je suis là? Quelles qualités j’apporte dans une pièce? Un exercice hyper riche. Cela ressemble beaucoup à l’un des exercices que j’ai eu à réaliser dans un cours sur la gestion de la vie professionnelle à HEC Montréal.
Mettre l’IA au service des chercheurs UX
Dans cette conférence, Christie McAllister, directrice de la recherche sur l’expérience chez Autodesk a partagé comment son équipe de recherche chez Autodesk a personnalisé des modèles d’IA pour tirer parti de cette technologie en évolution et de l’utiliser pour soutenir, améliorer et accélérer l’impact de la recherche centrée sur l’humain à une échelle jusqu’alors impossible. L’IA a influencé notre façon de penser nos emplois, nos rôles et l’avenir de notre existence professionnelle. Mais au lieu de vivre dans la peur d’être remplacés, nous avons une opportunité unique, c’est ce qu’Autodesk a réalisé.

Christie a rappelé les éléments essentiels qui différencient les humains de l’intelligence artificielle (IA).
Les humains sont bons pour…
- tirer de véritables perspicacités par rapport à la cueillette des résultats;
- lire entre les lignes dans une conversation;
- concevoir des études de recherche;
- mener des recherches qualitatives;
- gérer les attentes des parties prenantes;
- raconter la bonne histoire dans le bon contexte.
Tandis que les agents IA sont bons pour…
- être à plusieurs endroits simultanément;
- orienter l’action vers une tâche ou un objectif spécifique de manière cohérente;
- traiter rapidement de grandes quantités de données non structurées;
- faire une première passe pour détecter les grands thèmes;
- récupérer des informations à partir de plusieurs ensembles de données, lieux et formats.
Autodesk a développé des agents IA pour combler certains besoins en recherche, ce qui maximise leurs opérations.

Ce qu’ils ont appris sur leurs agents IA :
- les agents ont besoin d’un objectif, d’un but ou d’une mission claire;
- ils ne créent pas de sens par eux-mêmes, les humains doivent le faire;
- ils ne remplacent pas la réalisation de leurs propres recherches primaires;
- les données doivent être regroupées pour obtenir les meilleurs résultats;
- il est préférable de commencer petit avec une expérience contenue, puis de tester et itérer;
- ils réussissent environ 80 % du temps, environ 20 % nécessitent encore une intervention humaine;
- ils ne comprennent pas le sarcasme, les nuances, le sous-texte dans une conversation ou un commentaire.

Comment Autodesk a formé les agents pour soutenir leur travail? Avec Relevance IA entre autres :
- à partir de plusieurs formats de fichiers, en particulier des données non structurées;
- parce que c’est une plateforme qui offre des modèles LLM pré-entraînés utilisant des techniques d’IA/ML, ce qui a permis; de créer des agents
- car elle se spécialise dans l’extraction d’informations et l’interrogation de bases de connaissances.
La directrice de la recherche UX chez Autodesk a priorisé la présentation de l’un de leurs modèles, celui d’Aska. Aska peut les aider à trouver des insights précieux dans la base de connaissances de recherche d’Autodesk, ce qui inclus des résumés de résultats, des questions de recherche, et bien plus dans leur vaste collection d’études de recherche. Je crois fermement que des outils d’IA peut nous aider comme chercheur UX à être encore plus efficace dans notre travail. Ceci est un exemple super riche!

En terminant sa conférence, elle a mentionné certains ingrédients clés pour le faire nous-même :
- Données : Créer un dépôt de recherches ou une base de connaissances.
- Plateforme : Connaître la position de notre organisation sur l’utilisation de l’IA et obtenir l’adhésion de la direction pour une preuve de concept.
- Personnes : Créer un programme avec l’équipe : définir les objectifs, inclure les chefs d’équipes, avoir un délai précis et sélectionnez une plateforme qui donne accès aux bons types de modèles.
L’efficacité grâce aux plans de recherche
Dans cette avant-dernière présentation fort inspirante, Nicole Wright, directrice de la recherche chez HoneyBook, a partagé son approche pour créer des stratégies afin d’identifier les lacunes en matière d’efficacité, de maximiser l’impact et de favoriser le succès de l’équipe.

Face à la pression croissante de faire plus avec moins, trouver le prochain avantage en matière de productivité semble décourageant. Nicole a brillamment démontré qu’en adoptant une vue d’ensemble des flux de travail en UX et des points de contact de l’expérience, les opportunités peuvent être efficacement cartographiées. Pourquoi cartographier les irritants et les opportunités? Parce que cela apporte des améliorations pour l’expérience client et la conception, la communication des équipes et la collaboration sont bonifiées, il existe un meilleur alignement sur les objectifs et les processus, puis cette approche aide à développer de l’empathie, à favoriser les décisions centrées sur l’utilisateur, puis à la fois à identifier et optimiser des inefficacités.
Nicole a bien souligné que les processus ne sont pas seulement une série d’étapes : ce sont des plans pour favoriser l’efficacité et l’impact. Elle a mis en pratique un grand exercice de cartographie des processus avec son équipe de recherche UX, mais aussi avec les autres joueurs clés de l’organisation. Un processus pas aussi simple que cette image de sa présentation.

Elle a mis en oeuvre, avec son équipe, de multiples exercices de cartographie de processus pour :
- acquérir une compréhension plus profonde de l’équipe.
- favoriser la collaboration.
- identifier les inefficacités, les obstacles et les lacunes.
Nicole expliquait que les processus de recherche UX de son équipe ont permis de créer :
- de nouveaux programmes de recherche;
- des flux de connaissances de recherche;
- et des processus transversaux.
Les insights de ces processus? Avoir une grand accessibilité aux connaissances de divers joueurs, l’automatisation et les processus efficaces, puis l’approbation de tous pour le repositionnement de l’équipe.
La conférencière a aussi partagé les leçons apprises lors de la cartographie de processus pour son équipe (cliquez pour découvrir les leçons dans le diaporama!) :
Honnêtement, elle m’a captivé. Je sentais que cette nerd des processus (comme elle l’a mentionnée elle-même) avait su transformer son équipe avec un leadership hors-pair, en maîtrisant la gestion de changement, en adoptant une posture d’ouverture et de volonté de changer les choses pour le mieux, pour son équipe. Je me suis beaucoup reconnue dans sa personnalité, son parcours de nerd des processus, j’en suis une! J’ai enfin pu me reconnaître et penser que c’était possible pour moi d’aspirer à un poste de directrice en recherche UX, tout en ayant un souci d’amélioration continue en ce qui concerne les processus dans son équipe et l’organisation.

Après avoir effectué de multiples exercices d’optimisation et d’impact des processus de son équipe en recherche UX, elle a expliqué qu’il ne faut surtout pas oublier de célébrer ces efforts d’optimisation et de collaboration. Et de garder le cap sur ces processus, en les révisant régulièrement afin de trouver des améliorations ou des opportunités, de bien définir les priorités et d’être ouverts à changer nos plans. D’avoir le courage d’implanter le changement, en plus de tout documenter au fur et à mesure, puis de standardiser la mise à jour de ces processus à l’intérieur de l’équipe.

Nicole a généreusement partagé le modèle qu’elle et son équipe ont utilisé pour redéfinir leurs processus de recherche en rappelant que notre travail en tant que chercheur UX implique d’identifier les parties prenantes, le moment où l’étape se situe et comment éliminer les inefficacités. Avec ce genre d’exercice de cartographie des processus, cela nous permet de passer plus de temps à faire de la recherche! Son modèle Figma est disponible ICI.
Créer la confiance
Enfin, c’est Kristen Guth, chercheuse principale en expérience utilisateur chez Snowflake qui a terminé cette grande journée de conférences en recherche utilisateur. Elle a présenté en fait son modèle pour exploiter les forces, esquisser des tactiques et créer une fondation de recherche orientée vers le consensus. Parce que le chaos d’une organisation ou d’une équipe avec une faible maturité en UX frustre souvent les chercheurs UX (allô, c’est en plein ça que je vis!) qui doivent établir / faire évoluer une pratique de recherche. La confiance dans la recherche s’accélère lorsque les membres de l’équipe se considèrent mutuellement comme des contributeurs crédibles selon elle.

Cette dernière a commencé sa conférence en disant que souvent, on nous demande comme professionnel en UX d’améliorer la maturité UX de l’organisation. Et, en fait, cela peut prendre 40 ans! Ce n’est pas possible d’augmenter rapidement la maturité UX d’une organisation en criant : « ciseau ».

Plusieurs facteurs influencent la maturité UX d’une organisation : les caractéristiques organisationnelles, le budget et les ressources en UX, le leadership UX, la culture, les méthodes de recherche UX, la formation et les compétences des professionnels, les mesures de succès des produits, l’intégration UX au sein de l’organisation et les 1001 défis UX. Alors, ce n’est pas qu’une seule personne qui peut avoir ces responsabilités. La conférencière a alors enchaîné en parlant de la perception du UX à même l’organisation : la perception UX est la mesure du désir et de la capacité d’une personne à livrer avec succès des produits centrés sur l’utilisateur.

Il est beaucoup plus productif de tenter de faire évoluer, à court et moyen termes, la perception du UX auprès des parties prenantes. Cela peut sembler prendre 40 ans à changer, mais ne nous décourageons pas. C’est plutôt des mois et des trimestres en termes de durée. Beaucoup moins long que de vouloir changer la maturité du UX de l’organisation entière. De manière progressive avec les joueurs clés, il est possible d’améliorer la perception du UX.
En résumé, il est plus réaliste de souhaiter faire évoluer le modèle de la perception du UX en entreprise en effectuant ces actions :
- identifier les étapes de la perception UX à franchir;
- créer une représentation graphique par rapport à l’expertise en la matière (image ci-dessous);
- décrire les techniques de recherche pour instaurer la confiance;
- lier le modèle de la perception UX à l’évolution future de la maturité UX.

Après cette journée complète de conférences en ligne, ma tête était pleine d’idées d’améliorations pour propulser la recherche UX au sein de l’entreprise dans laquelle je travaille.
Et vous, comment voyez-vous le rôle de la recherche UX dans votre organisation? Comment cette expertise est exploitée à son plein potentiel? Écrivez-moi vos commentaires!
Sources :
- Images et contenus des présentations tirés des conférences du 6 juin 2024 lors de la 7e édition de la UXRConf par Learners diffusée en direct sur le web et maintenant disponible sur YouTube pour tous
- Voir la conférence (en anglais) du 6 juin 2024 enregistrée sur YouTube par Learners
- Article accompagné de textes traduits et adaptés par ChatGPT, le tout agrémenté de ma plume personnelle 🙂
























